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Ecrire avec l’IA: le monde audiovisuel et les intelligences artificielles

Ecrire avec l’IA: le monde audiovisuel et les intelligences artificielles

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L’impact des intelligences artificielles dans la production audiovisuelle, pourquoi écrire avec l’IA ?

Dans un monde où la technologie évolue plus vite que nos pensées, l’intelligence artificielle, ou IA, se crée une place importante dans la société. Son évolution a entraîné de nombreux questionnements et controverses suite à son impact grandissant. D’abord simple fiction, elle est aujourd’hui à portée de main. Des actions anodines du quotidien sont aujourd’hui régies par des algorithmes. Ces derniers nous sont pourtant bien éloignés, car hermétiques pour le commun des mortels. Pourtant, aujourd’hui, ces modèles informatiques nous permettent des choses que nous pensions jusqu’ici inatteignables, et qui annoncent une profonde évolution de certains milieux professionnels. En particulier le nôtre, car il est maintenant possible de créer et écrire avec l’IA.

Dis-Siri ? C’est quoi une intelligence artificielle ?

1. Petite définition de l’intelligence artificielle

Le terme d’intelligence artificielle a été utilisé pour la première fois en 1956, par celui qui est considéré comme le père des IA, John McCarthy. Il le définit comme : la science et l’ingénierie de la fabrication de machines intelligentes. Aujourd’hui, la CNIL qualifie d’IA “Tout système mettant en œuvre des mécanismes proches de celui d’un raisonnement humain.”

Le terme d’intelligence artificielle englobe aussi celui de machine learning et de deep learning. Le machine learning est une technologie visant à apprendre aux machines via l’expérience en trouvant des motifs récurrents dans des ensembles de données. Le deep learning est un sous-domaine du machine learning basé sur des réseaux de neurones pour traiter les informations. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter cet article.

La phase d’apprentissage d’une IA est primordiale : suivant la quantité et la fiabilité des données récoltées, le processus complet d’entraînement de l’IA peut être biaisé, nous y reviendrons plus tard dans cet article.

Les Intelligences artificielles sont classifiées en deux grandes catégories : l’IA faible et l’IA forte. 

  • L’IA faible, (IA étroite) est une intelligence artificielle entraînée à réaliser des tâches spécifiques. C’est la catégorie d’IA la plus courante : Siri ou Alexa sont des IA faibles. 
  • L’IA forte est un concept théorique d’intelligence artificielle, selon lequel une machine pourrait acquérir une conscience humaine. Ce terme englobe les concepts l’IA générale et de superintelligence artificielle. On peut les observer dans la science-fiction, via Jarvis, l’armure d’Iron Man ou Hal, l’assistant personnel dans 2001, l’Odyssée de l’espace.
Les IA génératives

Aujourd’hui, certaines IA commencent à se rapprocher de ce modèle. C’est le cas notamment de Chat GPT, une intelligence artificielle d’un modèle particulier, nommée IA générative. Ce sont ces modèles qui nous intéressent aujourd’hui, car ils nous permettent notamment d’écrire avec l’IA.

2. Créer avec l’IA, l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le milieu de la création

Les IA sont présentes dans tous les secteurs d’activités. Que se soit la science, la communication, l’informatique, l’hôtellerie… En effet, elles sont devenues des outils qui nous accompagnent et nous aident professionnellement tout au long de nos projets. Elles deviennent de plus en plus influentes et très sollicitées par la part active de notre société. Mais si ces intelligences artificielles sont présentes dans un large panel de métiers, qu’en est-il du domaine de l’audiovisuel ? A une époque où l’image et le son sont les pierres angulaires de la communication et du divertissement, comment l’IA intervient-elle ?

L’intelligence artificielle dans une production audiovisuelle

L’intelligence artificielle est un sujet de choix dans les productions audiovisuelles depuis des années.

Prenons comme exemple, le film Her sorti en 2013, qui traite des sentiments amoureux entre humain et machine. Ou encore Ex-Machina paru en 2014, qui interroge la question de la conscience des machines. Nous le retrouvons également des films plus anciens comme Metropolis de Fritz Lang en 1927, annonciateur de l’arrivée de l’intelligence artificielle ou encore la fameuse trilogie de Matrix sorti en 1999. 

Si l’intelligence artificielle est un sujet qui passionne depuis plus de 20 ans, sa place est vouée à évoluer. Aujourd’hui, elle joue un rôle dès la production, car nous pouvons désormais même écrire avec l’IA.

affiche du film Metropolis de Fritz Lang, 1927. @billposter

affiche du film Ex-Machina de Alex Garland, 2015 @amazon

Les intelligences artificielles sont présentes dans notre secteur depuis des années déjà, notamment dans le domaine de la post-production. Lors du montage, de la création d’effets spéciaux, ou encore de la colorimétrie par exemple, des IA sont préalablement enregistrées dans les logiciels pour fournir une aide aux créateurs. A l’heure ou nous recherchons un cinéma encore plus immersif, plus grand, avec des ressources de plus en plus importantes, celles-ci s’avèrent être très utiles et offrent un gain de temps considérable.

La production audiovisuelle est un processus long qui fait appel à un large panel de métiers et les intelligences artificielles agissent tout au long de ce processus. De la première ligne d’écriture jusqu’à la diffusion du projet, tous les corps de métiers l’utilisent.
Aujourd’hui nous nous intéressons à la place qu’occupent ces IA à la genèse des projets audiovisuels : dans le scénario, afin de comprendre comment écrire avec l’IA impacte la réalisation d’un projet audiovisuel.

De nouveaux scénarios ? Ecrire avec l’IA

L’écriture est la base de tout projet audiovisuel, car une image, c’est avant tout une histoire, un message. Pour accompagner les professionnels dans ce processus fondamental, l’IA a fait son entrée.

Aujourd’hui, plusieurs logiciels permettent d’écrire (ou de coécrire) un scénario complet avec l’IA : personnages, décors, lieux… Grâce à quelques mots clés écrits par l’Homme, l’IA est capable de générer une histoire. Le scénariste a ensuite le choix d’agir, ou non, sur le contenu produit. Ces outils peuvent donc être considérés comme une assistance pour les scénaristes, que ce soit pour l’écriture complète, la construction narrative, des prototypes ou encore la réécriture d’un passage précis.

❝ L’IA peut permettre de faire un ping-pong quand on écrit seul, de tester des idées sur elle. ❞

Brigitte Bémol, scénariste, dans une interview pour le Huffpost

Toutefois, pour écrire avec l’IA il faut déjà savoir laquelle utiliser. Avec le nombre grandissant d’intelligences artificielles permettant d’écrire des scénarios, comment savoir en quoi elles diffèrent les unes des autres ? Laquelle est la plus adaptée ? 

Pour un même objectif, ici écrire un scénario, chaque IA possède ses points faibles et forts. Si certaines sont limitées dans la quantité de mots, d’autres possèdent une sensibilité plus importante, une capacité de traitement plus rapide…  

Ce qui permet à une IA d’être performante, c’est son utilisation répétée. Un procédé paradoxal au vu de la multitude d’intelligences artificielles existantes. De ce fait, ces outils seront toujours limités car ils ne pourront être développés à leur maximum. Toutefois, c’est grâce à ces limitations qu’un scénariste ou écrivain peut faire le choix d’écrire avec une IA plutôt qu’une autre. Certains auteurs vont privilégier un IA capable de générer des textes longs, d’autres une IA ayant un panel de genres plus important.

Écrire avec l’IA : la garantie d’un scénario rentable ?

Ecrire avec l’IA ce n’est pas seulement rédiger un scénario, c’est aussi parfois la garantie d’un suivi dans le processus de création au complet. Certaines permettent d’évaluer le potentiel d’un projet et d’analyser sa viabilité commerciale en conseillant sur les prochains choix à effectuer en termes de production : choix des acteurs, des lieux, du matériel… À nouveau nous retrouvons des dizaines de start-up s’étant lancées dans ce projet (storyfit, whitecream, copywritting…) et qui ne cessent de se développer.

Pour illustrer cet exemple nous allons nous baser sur l’IA Script Book, créé par l’économiste Nadira Azermai. Cette intelligence artificielle a pour but de rendre un scénario viable qui permettra d’assurer une bonne commercialisation.

❝ Notre mission est de révolutionner le business de la narration en utilisant l’IA pour aider les producteurs, les distributeurs, les commerciaux et les financiers à évaluer leurs risques.

Nadira Azermai, dans une interview pour Ciné-Série

Pour garantir le succès d’un film, cette startup belge à mené une étude approfondie dans un studio de production entre 2014 et 2015, ce qui leur à permis de compter environ 220 paramètres, potentiels facteurs d’échec des futurs films. De plus, elle à nourri ses algorithmes de plus de 400 scénarios différents ainsi que 10 000 films ce qui lui permet d’obtenir un large panel de références pour de futur prévisualisations.

Cet outil est à la fois un gagne temps dans la commercialisation des films mais également une garantie de réussite dans ces productions aux budgets croissants.

❝ C’est aussi un outil de validation […] Cela peut valider les décisions que vous prenez.

Suite de l’interview de Nadira Azermai pour Ciné-Série

Des vidéastes indépendants à Hollywood

En effet, ces intelligences artificielles, qui sont largement utilisées par les vidéastes indépendants, sont en train de conquérir le grand Hollywood. Certaines de ces sociétés tentent de dissimuler l’utilisation de ces outils par peur de voir leur légitimité être remise en question. D’autres, telles que Disney ou encore Netflix les révèlent au grand jour et considèrent qu’écrire avec l’IA peut les aider dans le processus de création.

En 2016, Netflix a même affirmé que ces algorithmes pourraient lui permettre de générer plus d’un milliard de dollars chaque année. Pour des sociétés de production si importantes, la certitude d’une réussite est essentielle pour diffuser leurs productions. Cela représente à la fois un gain de temps, une augmentation de la productivité et un meilleur ciblage des demandes de leurs spectateurs, dans un contexte de concurrence exacerbée.

3. L’IA, génératrice ou destructrice de créativité ?

L’arrivée de ces nouvelles technologies peut être effrayante et amener à des questionnements d’ordre éthique. Et si ces intelligences artificielles étaient un facteur de destruction de toute créativité ?

Les questionnements autour des IA créatrices

On peut constater que ces intelligences artificielles sont capables de générer un flux d’informations colossal. Si elles peuvent être plus efficaces et performantes que l’Homme, pourquoi ne pas les utiliser pour la création même des projets ?

❝ Si créer et écrire avec l’IA devient la norme, l’Homme sera-t-il relégué au second plan ?

C’est là l’un des questionnements majeurs soulevés par l’évolution de l’intelligence artificielle, et particulièrement des intelligences artificielles génératrices. Jusqu’où peut-on remplacer l’Humain dans sa créativité ?

crédit photo @Google DeepMind

Si l’Homme utilise une IA pour prédire la viabilité d’un film ou écrire un scénario, perdrait-il en compétences ? Ses capacités intellectuelles seraient-elles diminuées ? En confiant ses acquis à une IA, l’Homme deviendrait alors un observateur plutôt qu’un créateur. Son empreinte dans la création devient très limitée, voire inexistante. Sa créativité et son inventivité, qui étaient à l’origine ses atouts, n’auraient plus de véritable utilité dans ce nouveau rôle, du moins dans le domaine de l’écriture. Ses compétences ne serviraient plus qu’à valider un projet, ce qui limiterait sa capacité de réflexion et le restreindrait par conséquent.

L’IA nourricière : un cercle vicieux en préparation

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crédit photo @Google DeepMind

Si l’Homme n’est plus le créateur, mais un simple contrôleur, l’industrie cinématographique risque une homogénéisation de ses productions. En effet, en confiant la création entière d’un projet à des algorithmes, l’Homme n’aurait plus qu’un rôle de validation. L’IA perdrait donc en performances car celle-ci ne serait plus “nourrie” ou du moins avec des données passées. Les références, scripts ou encore scénarios données à l’IA finiront par ne plus se renouveler. Elle finirait donc fatalement par générer, par le biais du même processus, les mêmes histoires.

ChatGPT sera capable de faire le scénario de Top Gun 3, de Fast & Furious 14 ou d’un James Bond, parce qu’il s’agira d’une répétition avec quelques variations

L’acteur oscarisé Hector cabello Reyes dans le Huffpost

Par conséquent, les films perdraient en originalité et le spectateur en serait le premier atteint. Aucune nouveauté ne verra le jour, seulement des adaptations d’adaptations créant une redondance infinie dans le monde cinématographique.

❝ C’est l’ennemi de la créativité, ça ne sert qu’à répliquer ce qui a déjà marché et ne peut conduire qu’à un affadissement ou une homogénéisation des films

Ol Parker, scénariste britannique, pour Les Echos

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crédit photo @Google DeepMind

Le jugement algorithmique

Pour finir, rappelons que les intelligences artificielles se nourrissent de données, mais que ces dernières sont choisies et triées suivant un algorithme de sélection préalable. Il est donc courant que les intelligences artificielles calculent ou raisonnent selon des biais impliquées par le contenu qu’elles traitent. Envisager de se soumettre à leur seul jugement et effacer notre conscience et notre jugement n’est pas une solution viable.

Pour exemple, prenons les algorithmes de calcul de rentabilité. Malgré les avancées dans ce domaine, ce dernier garde tout de même une part de hasard. Prenons l’exemple de La La Land. Ce film avait été prédit à 59 millions de dollars, hors il a généré plus de 150 millions de dollars et ce n’est pas le seul ! Si l’adaptation de World of Warcraft n’a pas trouvé son public aux Etats-Unis, en Chine, il a réalisé de grandes performances au box office. Le contrôle et la prédiction restent donc très complexes à comprendre et à mettre en place.

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crédit photo @Google DeepMind

Du fait des données utilisées pour concevoir et nourrir les algorithmes, se baser uniquement sur ces intelligences artificielles produit une vision biaisée. Effectivement, avant de devenir de complexes algorithmes, ces IA sont avant tout des lignes de codes écrites par des humains. Ces derniers choisissent de quelle manière leurs algorithmes vont choisir les données à interpréter et la manière de les traiter. Par conséquent, les IA délivrent forcément des résultats orientés. On trouve déjà ce phénomène dans la médecine, où les intelligences artificielles ont tendance à perpétuer des stéréotypes racistes dans leur interprétation de certains traitements et pathologies.

Une Intelligence artificielle doit donc rester un outil et non devenir le procédé de création à part entière. Elle doit être vue comme une aide, un support capable d’épauler les créateurs.

La créativité est une affaire d’humanité

Au long de cet article, nous avons vu que l’IA est capable d’améliorer les performances sur le plan technique et narratif. Mais, qu’en est-il sur le plan émotionnel ? Sont-elles aussi remarquables ? C’est sur ce plan que s’observe une différence majeure entre la réflexion humaine et le traitement algorithmique des IA étroites : la sensibilité.

crédit photo @Google DeepMind

Comme vu précédemment, une intelligence artificielle a besoin de données pour fonctionner, elle ne peut pas créer par elle-même. Ces cycles ont besoin d’être régénérés. Alors que l’Homme quant à lui possède une capacité de création qui lui est propre. Il réfléchit par lui-même, construit son univers en utilisant autant des données extérieures que des données intérieures : les émotions.

Il possède des sentiments et une sensibilité que ne peut comprendre une IA. Un algorithme n’a pas la possibilité de ressentir l’émotion, il ne peut que l’interpréter, l’IA n’égalera jamais l’Homme qui, pour inventer, a besoin de ressentir. C’est une pensée qu’exprime l’écrivaine Virginia Woolf dans son journal, “A sight, an emotion, creates this wave in the mind, long before it makes words to fit it; and in writing”, traduit par

❝ un sentiment, une émotion, crée cette vague dans l’esprit, bien avant qu’il ne crée des mots pour l’exprimer

Traduction d’un passage d’un journal de l’écrivaine Virginia Woolf

4. Conclusion

Logo de la mobylette jaune, l'agence de communication à lyon

La place des IA dans la production audiovisuelle provoque de nombreux questionnements éthiques sur ce qui sépare l’Homme de la Machine.

Ce qu’il faut retenir

  • Les IA, aussi performantes soient-elles, sont formées pour répondre à un problème, selon des situations apprises, traitées et compilées. Elles ne peuvent donc jamais déroger à ce processus rigoureux. Là où l’Homme excelle justement. En effet, c’est cette capacité d’adaptation, de raisonnement pratique et d’inventivité qui fait du raisonnement humain un concept difficilement réplicable.
  • L’IA la plus proche de ce mode de pensée aujourd’hui est Chat GPT. Les évolutions du Deep Learning apportées grâce aux évolutions logicielles et matérielles, ont permis les progrès dans la conception de réseaux de neurones. Cependant, les programmes qui en résultent sont toujours bien loin d’un résultat convaincant au test de Turing.
  • Ces algorithmes n’en restent pas moins d’excellents outils. Désormais, ils sont capables de nous aider dans notre processus créatif. Ainsi, ils nous permettent de repousser notre créativité et de confronter nos idées à des résultats potentiels.
  • Alors, écrire avec l’IA devient un exercice intéressant qui mérite d’être confronté à un regard humain afin d’obtenir un résultat sensible et efficace.
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